Lorsque la question politique devient philosophique

lambdaprime Par Le 24/08/2019 à 20:31 1

Lorsque la question politique devient philosophique


La politique porte sur les actions, l'équilibre, le développement interne et externe de la société, ses rapports internes et ses rapports à d'autres ensembles. Lorsque l'équilibre et les rapports entre ensembles s’effondrent, l'homme doit se ré-interroger sur ses fondamentaux. En d'autres termes, sur la sagesse, qui, comme le disait Aristote, est la science des premiers principes et des premières causes. 
A un certain niveau de divergence et de contradiction dans les logiques humaines, il est nécessaire de savoir repartir des liens qui unissent le vivant : celui entre les citoyens de la terre et la terre elle-même. 

Lorsque,
- d'un côté, on voit une démographie anarchique, voir irresponsable, et de l'autre, manipulée de façon tout aussi irresponsable par le recours à des techniques de sélections  génétiques de plus en plus pointues. 
- d'un côté, des pays manquent de main d’œuvre et de l'autre, des populations entières  tentent de migrer parce qu'elles n'ont rien. 
- d'un côté de la terre, on prend plusieurs douches par jour et de l'autre, il n'y a plus d'eau potable et les terres se dessèchent. 
- d'un côté, on éradique les matières premières de la planète pour faire fonctionner son smartphone ou sa voiture et chez l'autre, ce pillage est effectué par de travailleurs de misère qui travaillent dans des conditions insalubres. 
- deux pourcents de la planète possèdent plus que les 98 autres et s'en contre-fichent... 
la question des rapports entre les hommes, d'une part, et avec leur terre, d'autre part, ne se pose plus sur un terrain politique, mis échec et mat, mais sur le terrain philosophique. 

Dès lors que l'action politique n'a plus la main pour enrayer ces injustices, voir ces crimes, c'est finalement la terre qui se charge de dire stop. On réalise aujourd'hui amèrement les dégâts immenses que nos modèles ont provoqués, pour beaucoup, irréversibles. 
Pratiquement, où en sont les réponses politiques ?
On assiste à trois types de réponses : l'une totalement démagogique, la deuxième, plus raisonnable mais empêtrée dans le conservatisme et la dernière, que je qualifierais de «révolutionnaire», en ce qu'elle propose une autre philosophie. 

La première réponse rencontre de plus en plus de succès. Elle répond aux instincts grégaires qui, face aux difficultés existentielles, prônent le retour sur soi. Si l'on regarde les grandes puissances, la prédominance de choix isolationnistes et l'abandon du multilatéralisme font tache d'huile. Il est vrai qu'en premier abord, il n'est guère étonnant de constater que les pots de fer s'en sortent mieux que les pots de terre qui sont géopolitiquement plus enclins au multilatéralisme et à une approche plus collective. Sans aller chercher loin dans les rapports de force inter continentaux, on a à nos frontières un exemple simple de cette suprématie court-termiste : le succès apporté par la compétition bilatérale entre deux länders, bavarois et de Hesse, dans le domaine automobile. Remarquablement performante, elle ne laisse que les marges faibles à l'ensemble des – autres -, constructeurs généralistes mondiaux. 
La deuxième qui défend une politique globale équilibrée entre les continents et les nations, comme la France, a fort probablement perdu la bataille. Ses voisins proches, eux-mêmes, commencent à quitter le navire. 
Nonobstant, dans les deux cas de figure, l'économie reste basée sur la consommation et sur un capitalisme qui a perdu ses vertus originelles car kidnappé par l'unique moteur qu'est le profit. 
Reste donc une révolution dans la pensée politique, qui dépasse LA politique. Elle rentre dans une dialectique philosophique. 

Schématiquement, on doit se décider entre deux visions : la continuité ou la rupture d'avec notre vison amniotique de l'homme isolé de son Univers. 
A ce propos, les scientifiques ont découvert, depuis plus d'un siècle, que la place de la terre et, donc des terriens, n'était ni centrée, ni hélio-centrée dans l'Univers, mais singulière (on est même de plus en plus convaincu que notre Univers n'est qu'une perception d'un multivers...). 
Plus concrètement, il nous faut choisir collectivement entre : 
- La persévérance dans le toujours plus de droits individuels qui s'est accompagnée d'une illusion de posséder toutes les clés de nos destins ; que ce soit dans le choix de nos descendances, de nos modes de consommation, de notre rapport d'usage du «collectif», de nos protections face aux plus démunis qui – facialement – ne peuvent que demander et rien donner... 
- le devoir vis à vis de la collectivité, de la population mondiale, de la terre nourricière. 

On parle bien ici d'un renversement radical de paradigme qui, théoriquement, ne peut se faire par un claquement de doigt ; et pourtant il y a urgence. Les capacités de la terre et l'extrême danger géopolitique qui court derrière un modèle qui a fait long feu ne nous offrent plus de latitude. 
Il est vrai que l'on constate, un peu partout, de nombreuses initiatives qui n'attendent plus rien du politique. Mais, auront-elles la capacité d'être une force d’entraînement suffisante ? 
Si on veut être positif, on pariera sur l'exceptionnelle capacité d'adaptation et de résilience humaine. 
Mais il est clair que cette nouvelle philosophie de vie imposera beaucoup de sacrifices et d'humilité. 
En effet, celle-ci exigera une capacité à la «dépossession». Que ce soit dans les domaines de son «confort», de celui de l'acceptation des limites de la nature, celui de la raison dans ses exigences de maîtrise totale (dans sa reproduction, sa domestication sans limite, son égocentrisme face au sort des autres). 

L'homme le plus riche de la planète, convaincu que les ressources de la Terre vont finir par s'épuiser et que l'humanité devra s'installer ailleurs, finance déjà des recherches sur des mégalopoles autonomes flottant dans l'espace, qu'il rêve de construire (négociations avec la NASA).  
L'humanité vit à crédit dans tous les sens du terme : la dette financière mondiale est estimée à plus de 7 000 milliard d'Euro et on a consommé, en août, la totalité annuelle des capacités de la terre. Le chronos diplomatique s'accélère, parfois à coup de «Tweet». La crispation gagne nos grands responsables.  Emmanuel Macron vient de le dire, à l'orée du lancement du G7 : ne pas céder à la faiblesse du temps présent. 
La pérennité de l'humanité, dans son environnement, est en jeu.
 

 

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