L'astigmatie coupable de l'Education Nationale

lambdaprime Par Le 09/05/2015 à 13:38 0

L'éducation nationale se cale sur un schéma simpliste et extrêmement quantifié. Les valeurs sont normatives et quantitatives. Il est vrai qu'en première lecture, ce choix fait écho aux idiomes : normes comptables et économiques, mesures du chiffre d'affaire et du cash-flow. Les mesures sociétales s'inscrivent dans ces logiques, en ignorant l'individu et sa spécificité.

S'il est effectivement indispensable d'avoir des ingénieurs de haut niveau qui portent le pays dans les secteurs les plus aboutis et, tout simplement, vers l'avenir, les autres composantes du savoir ne peuvent et ne doivent en rien être occulter ; l'histoire, la littérature, les sciences de l'esprit, l'intelligence manuelle, apportent le terreau indispensable sur lequel les équations peuvent s'exprimer.

Vu sous un autre angle et au même titre qu'un handicapé apporte beaucoup à l'humanité, le cancre, du moins celui qui est répertorié comme tel, possède évidemment en lui des richesses indispensables à l'alchimie collective. La désignation du cancre se fait par le prisme
décrit au-dessus et UNIQUEMENT ce prisme ; donc par opposition aux principes d'efficacité, de capacité de travail, de docilité face aux règles et de faculté à coller aux caciques de l'éducation nationale. Et pourtant nombre d'entre eux, si ce n'est tous, portent en eux des capacités qui, si elles débordent de "LA matrice reine" chère à nos inspecteurs d'académies, peuvent en revanche, apporter de l'imagination, du non conformisme propice aux innovations, du sens critique. D'ailleurs, en passant, je ne crois pas que ce soient les "premiers de classe" qui, un jour, aient fait évoluer la civilisation....

De la même façon qu'une société qui n'utilise qu'une partie de ses forces vives, une éducation nationale qui rigidifie ses produits commet une grave erreur et beaucoup de perte en ligne.
Inversement, si elle promeut et valorise plus de diversité, elle rend la performance plus complète plus collective et plus soudée.

Selon ma perception des choses, le travail oh combien complexe à entreprendre est de faire évoluer la grille de valeur dans la société et cela passe d'abord par l'éducation nationale : chaque individu a sa place et un puzzle bien réussi est celui où le manuel, l'intellectuel, le
matheux, le théoricien et le praticien sont valorisé de la même façon. A ce titre, on constate que la "valeur" d'un travail au 21ème siècle est souvent bien déphasée par rapport aux réalités de la contribution de chacun.

Une société (comme une entreprise) réussie est celle ou chaque composante aime ce qu'elle y fait, s'y sent reconnu et considère que les fruits de l'effort du collectif sont un peu les siens. Tout l'inverse d'un trop plein d'adultes qui ont été "sur poussés" par leurs parents dans LA voie royale édictée, source de désillusions, de frustrations, de rancœurs,...qui génère finalement de la contre-productivité.

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